Ami de l'internet,
Nous avons déjà abordé ensemble, je crois, le principe du jeu de l’oie. Mais oui, tu sais, celui qui consiste à dire que la vie c’est comme un jeu de l’oie, tu essaies de faire avancer ton petit bonhomme dans une certaine direction et régulièrement des obstacles (ou des facilitateurs) viennent te faire des blagues.
Quand j’étais petite, j’y jouais beaucoup, au jeu de l’oie. Pas vraiment par choix mais va seulement enterrer ton enfance dans un chalet à la montagne sans télé pendant toutes tes vacances d’hiver avec comme seul compagnon un petit frère un peu naïf qui ne sait pas encore bien compter.
Aujourd'hui, c’est un peu comme quand j’étais petite et que je trichais pour gagner. Sauf que cette fois c’est ma boîte qui s’est fait enc* emberlificoter. Un manque d’attention et paf ! on leur a bazardé quelques millions en douce sur une histoire de docs mal fagotés. Ces quelques millions, j’ai calculé, correspondent à mon salaire annuel pendant deux-cents vingt-deux ans.
Du coup je me prends à rêver que le double six réalisé il y a quinze mois (se faire engager à bon prix pour un job moyennement compliqué à deux pas de chez moi) ne se transforme en aller simple pour un tour de toboggan. Mais oui, tu sais, celui qui te fais passer de la case quarante-cinq à la case trois en un tour de main, sans vraiment que ce soit ta faute et pourtant.
Il y a deux ans pile-poile, quand j’habitais chez ma mère faute de pouvoir me débrouiller seule avec mon genou cassé et que je n’avais pas droit au chômage parce qu’il manquait trois semaines à mes cotisations. C’est là que j’ai peur, très très peur, que le toboggan m’emmène.